— Félicité·e·s
Projets de fin d’études des diplômés 2020.
Sélection des travaux distingués par les félicitations du jury.
Borderline
studio de projets
Responsable et équipe pédagogique
Sabine Guth, Maîtresse de conférence, VT
Petra Margùc, architecte
Frédéric Barbe, docteur en géographie, éditeur
Jocelyn Cottencin, artiste
Kantuta Quiros, théoricienne de l’art, commissaire d’expositions
Maëldan Le Bris Durest, architecte ingénieur
— Pour un aleaa, un atelier lycéen expérimental en art et architecture
Empreindre et être empreint.e, une pédagogie par l’épreuve
par Aline Caretti
L’aleaa (atelier lycéen expérimental en art et architecture) est une tentative de reformer nos pratiques pédagogiques par le projet architectural.
Le Lycée Carcouët de Nantes s’engage dans un processus de transformation au long cours ; un chantier continu pour signifier un processus non-linéaire où objets et espaces sont refaçonnés pour mieux accommoder des usages actualisés.
Des relations de réciprocité s’engagent. L’école ouvre ses frontières au dehors et le quartier se met au service de l’enseignement de ses citoyen.nes. Des personnes extérieures à l’établissement rejoignent les rangs. Ici, l’étrange et l’étranger s’envisagent comme des ressources pédagogiques fertiles.
La terre, le bois, les sables, les tissus, eau, végétaux, fruits et légumes, insectes et animaux sont autant d’organismes concourant à la pédagogie. Un regard porté sur notre milieu pour mieux l’appréhender, nous en saisir et figurer des modes d’être-en-groupe plus harmonieux (Guattari, 1989).
Les usagers du Carcouët, d’aujourd’hui et de demain, s’inscrivent dans ce processus engageant où leurs intelligences sont mises à contribution pour le bien commun et dans l’intérêt de pratiques individuelles ou collectives. Armé.es de leurs imaginaires, de leurs corps et guidés par leurs envies, les savoirs circulent généreusement.
Apprendre par le faire.
Faire pour contribuer à une expérience collective.
Construire des circonstances collectives pour soutenir la formation singulière des sujets.
— Des chantiers en mouvement
Et si repenser les métabolismes des chantiers déplaçait les projets ?
par Romane Lavoine
Aujourd’hui, le renouvellement urbain de la Zac Sud-Ouest de l’île de Nantes vient clôturer le projet de réaménagement de l’île. Fort des expériences passées, les exigences s’élèvent pour la gestion des derniers projets. Les 400 000 m³ de terre excavée pour la construction du futur CHU constitue une entrée dans le projet. Il n’est plus question d’expédier les terres issues du site ni de déplacer les problèmes quant à la dépollution des sols. Ces terres sont les ressources du projet. Les temps longs des chantiers une aubaine pour développer des écosystèmes humains et non-humains au sein du territoire. Le projet est réfléchi et débattu au sein d’une nouvelle assemblée qui se constitue. Les architectures à l’échelle du paysage comme du bâti prônent la modularité des usages et des temps, le réemploi des matières et des lieux.
Un métapaysage se forme alors à l’échelle du territoire : bienvenue dans les Terres Paysages.
Le mont, les andins, la traversée et les tas habités, autant de figures qui viennent s’articuler dans ce quartier en chantier. Plus qu’être un simple environnement paysager proposant de conserver et dépolluer les terres, de révéler l’impact de nos construction sur le territoire, de créer un paysage jouant de sa matérialité, ces figures sont réellement le support d’une vie de quartier. Les habitants sont à la fois des résidents mais aussi des ouvriers parfois se réunissant dans un nouveau lieu phare du quartier : la base-vie des projets. Cet ancien hangar industriel présent au cœur des chantiers s’adapte au rythme de ce paysage mouvant en proposant au voisinage une immersion progressive dans ce territoire jusqu’ici enclavé par des ateliers, des rencontres mais aussi par des activités festives.
Finalement ces métabolismes ainsi pensé pourrait servir d’exemple à d’autres villes et quartiers car ce projet est un cas récurrent dans l’expansion de nos villes actuelles.
— UrBain Sauvage
Éprouver, concevoir et revoir le territoire selon les lois de la Loire
par Caroline Wypychowski
Ce projet naît de ma relation avec la Loire et de ma pratique de baigneuse sauvage. En m’attachant intiment à ce milieu, j’adopte une posture d’architecte immersif. Ma position à l’interface du monde de l’humain et des mondes de la Loire, me permet légitimement de réinterroger leur relation de m’en emparer pour faire projet.
Trop de dégâts, causés par les activités humaines, ont entravé la relation des nantais à la Loire : dragage, comblement, modification de son lit. Avec le temps, la Loire a changé de visage, perdu ses usages et est devenue un paysage impalpable dans la vie urbaine. Aujourd’hui si l’on ne veut pas aggraver l’état de santé de la Loire et par conséquent de la ville, il est urgent de changer notre attitude vis-à-vis du fleuve. Le projet du Parlement de Loire, portée par le POLAU, réfléchit à ces questions dans lesquelles s’insère ce PFE et imagine la possibilité que la Loire devienne une personnalité juridique.
Et si la baignade était l’outil dont nous avions besoin pour changer notre manière d’agir envers le fleuve et ainsi modifier notre relation aux entités non-humaines, notamment l’eau, qui le constitue ? Ainsi le projet propose d’initier les nantais au contact intime avec le fleuve, afin qu’ils apprennent par eux même du milieu –Loire et de rendre la baignade plausible et possible en plein cœur de Nantes. Il ira jusqu’à laisser la Loire s’engouffrer sur l’île de Nantes.
Par application des lois de la Loire, la baignade permettrait de s’immiscer dans les failles de l’artificialité de l’île et d’y apporter de la sauvagerie et de la transgression.