Nos modes de construction actuels font de l’architecture un produit de consommation. Tout en épuisant les ressources en matières premières, le secteur du bâtiment génère quelques 260 millions de tonnes de déchets de production et de démolition chaque année. Avec l’urgence climatique, il devient impossible de considérer la matière comme un paramètre illimité. Cela implique une réforme de notre manière de créer pour replacer l’architecture au centre du cycle de la matière. Il devient nécessaire de penser aussi bien la construction d’un projet, par le réemploi de matériaux, que sa déconstruction pour anticiper son réemploi en fin de vie. L’un des exemples les plus répandus d’architecture « déconstructible » semble être le préfabriqué de chantier. Réemployer le préfabriqué semble quasiment naturel et grandement facilité par son caractère standard issu de l’industrie. Mais comment faire du préfabriqué à partir de matériaux réemployés ?
Le futur quartier République de l’Île de Nantes sera construit à l’emplacement de l’ancien Marché d’Intérêt National (MIN). La démolition du MIN va générer quelques 43 000 m³ de gravats. Cet important mouvement urbain vient directement questionner le cycle de la matière. Afin d’explorer les potentialités de cette matières, la base vie du chantier du quartier République vient considérer les gravats du MIN comme les ressources de sa construction modulaire et préfabriquée. Par un assemblage réversible des matériaux, la base vie compose avec la matière sans l’altérer. Son architecture prend ainsi l’aspect d’un immense lieu de stockage de matières qui participeront à de nouveaux projets lorsque le chantier du quartier République arrivera à sa fin.