Nous apprenons le décès de Jean-Pierre Péneau survenu le 1er avril des suites d’un cancer. La recherche architecturale française perd l’un de ses pionniers.
Né en 1937 dans une famille nantaise où l’architecture tient une place importante, Jean-Pierre Péneau avait été élève à l’école des beaux-arts de Paris. Il y présente en 1967 un fascinant diplôme qui réunit les thématiques qui animeront sa carrière future : la foi dans les mathématiques pour la définition des formes architecturales qui fait de ce diplôme un travail précurseur dans le domaine de l’architecture paramétrique ; l’attention aux forces de la nature et plus précisément au soleil et au vent qui seront au cœur de ses recherches des années 1970 et 1980 ; un fort attrait pour l’histoire et la philosophie qui apparait dans le thème de ce projet dédié à un musée de l’Alchimie. Il entame un doctorat de mathématiques appliquées à l’Ecole pratique des hautes études qu’il ne mène pas à son terme. Ce n’est finalement que dans les années 1990 qu’il concrétise coup sur coup une habilitation à diriger des recherches et un doctorat dans le domaine de l’histoire des sciences et techniques. Il y développe des travaux originaux sur l’ajustement climatique des villes et sur l’aérisme.
Animé d’une volonté sans faille de renouveler les cadres de la pensée architecturale, Jean-Pierre Péneau a consacré l’essentiel de sa vie à la recherche et à l’enseignement. Ce fut d’abord la création du CERMA en 1971 à Nantes, une équipe de recherche associative qui deviendra laboratoire de la recherche architecturale puis unité de recherche associée au CNRS en 1992. Ce fut parallèlement le lancement d’un certificat d’études approfondies en architecture dans les années 1980 portant sur l’énergétique et l’architecture urbaine, domaine particulièrement innovant à cette époque. Ce fut ensuite au début des années 1990 la création de l’une des premières filières doctorales françaises en architecture autour de la thématique naissante des ambiances en association étroite avec le CRESSON de Grenoble et Jean-François Augoyard. Forts de cette expérience commune, le CERMA et le CRESSON unissent leurs forces en 1998 au sein de l’unité mixte de recherche AAU qui prendra une place toujours plus grande dans le paysage de la recherche architecturale et urbaine française. Jean-Pierre Péneau a initié dans le même temps une fédération de recherche ambitieuse en croisant physique et images de la ville. Au sein de ces différentes structures, il a dirigé de nombreux programmes de recherche et thèses de doctorats. En retraite des écoles d’architecture au début des années 2000, il poursuit à Tunis pendant plus de 20 ans l’oeuvre commencé à Nantes et développe à l’ENAU une équipe de recherche sur les ambiances. Il s’investit parallèlement au sein de l’Académie d’Architecture pour y faire promouvoir la recherche et le nécessaire renouvellement des savoirs, avec son vieux compagnon de recherche Paul Quintrand.
Par ce parcours d’entrepreneur et de militant de la recherche, Jean-Pierre Péneau a montré que l’architecture a toute sa place dans les mondes de la recherche, qu’elle peut y puiser des ressources dans de multiples domaines, qu’elle doit y interroger son épistémologie avec exigence mais aussi avec confiance. Sa pensée a contribué à former une communauté de chercheurs attentifs aux assemblages disciplinaires et capables de circuler entre les savoirs. Lui-même fascinait souvent ses auditeurs en traversant avec aisance les champs de la connaissance, des mathématiques à la philosophie, de l’histoire aux sciences de l’ingénieur.
Nous transmettons nos condoléances à sa famille et ses amis.