« Une mouvance “tiers-mondophile” et ses ambiguïtés (1968-1998). Vers un décentrement géographique et épistémologique de l’enseignement de l’architecture en France » par Diane Aymard
École doctorale n°604 Sociétés Temps Territoires
Spécialité : Aménagement de l’espace et urbanisme
composition du jury
Gauthier BOLLE, professeur, école nationale supérieure d’architecture de Strasbourg, ARCHE – rapporteur
Johan LAGAE, professeur, université de Gand – rapporteur
Emmanuelle CHÉREL, professeure, école nationale supérieure des Beaux-arts de Nantes, UMR AAU-CRENAU – examinatrice
Stéphanie DADOUR, maîtresse de conférences, école nationale supérieure d’architecture de Paris-Malaquais, UMR AUSser-ACS – examinatrice
Éléonore MARANTZ, maîtresse de conférences, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, HiCSA – examinatrice
Łukasz STANEK, professeur, université du Michigan, Taubman College – examinateur
Jean-Louis VIOLEAU, professeur, école nationale supérieure d’architecture de Nantes, UMR AAU-CRENAU – directeur de thèse
résumé
Deux « évènements » marquèrent la France durant les années 1960 : les indépendances, dont la guerre d’Algérie fut l’ultime funèbre étendard, et la révolte ouvrière et étudiante de Mai 68. Liés d’une manière complexe et peut-être paradoxale, ils firent naître dans les décennies qui suivirent une mouvance « tiers-mondophile » – plus qu’un mouvement tiers-mondiste – au sein de la discipline architecturale. Si le voyage et la découverte de l’Ailleurs étaient déjà d’usage au XIXe siècle dans la formation des architectes, l’intérêt pour les pays non-occidentaux participa au renouveau de la discipline française qui se trouvait alors en crise, autant en raison de la fascination qu’inspiraient leurs architectures passées qu’au travers des questions que posait leur développement futur.
Durant près de trois décennies, différents groupes d’enseignants consacrèrent leurs activités pédagogiques et scientifiques à cette aire géographique aux limites aussi vastes que floues, développant divers théories, méthodes et outils, au regard de la multiplicité des positions idéologiques et politiques de ceux-ci. Cette thèse propose de dresser tant une cartographie de cette mouvance, comprise dans son ensemble, que le portrait de ces enseignements, en révélant la singularité de chacun, afin de montrer qu’ils doublèrent le décentrement géographique amorcé au siècle précédent par un décentrement épistémologique, dont les Écoles nationales supérieures d’architecture demeurent de nos jours les héritières.
De la genèse de ces enseignements au cours des années 1960-1970 et de leur relation organique avec la politique de Coopération, il en fut issu des théories développées au sein des UP (aujourd’hui ENSA) ainsi qu’un rapport complexe à la notion d’altérité. Mais tandis que le tournant des années 1980-1990 coïncida avec un bref âge d’or, il fut suivi d’un déclin de l’intérêt pour ces pays. Avec cette séquence chronologique, c’est aussi la question de l’ambiguïté de l’ethnocentrisme et de l’hégémonisme que nous avons voulu explorer au fil de ces enseignements et du décentrement épistémologique qu’ils initièrent.
vendredi 15 novembre 2024, 14h
amphithéâtre d’honneur des Beaux-Arts de Paris, 14 rue Bonaparte, Paris 6e
Pour suivre la soutenance de thèse en visio, consulter le site web du laboratoire AAU